De père en fils.
Article et portrait par Caroline
Planque
posted June 17
Dans son deuxième
long-métrage, Sébastien Rose
poursuit son exploration de la
thématique familiale. Comédie
tragique ou tragédie comique,
La Vie avec Mon Père réunit un
père et ses deux fils et distille
de façon douce amère l’évolution
de leurs relations transformées
par la mort annoncée du
patriarche. Sébastien Rose était
l’invité du 32ème
SIFF.
Parcours:
Je suis presque né
dans le cinéma. J’ai toujours
voulu faire du cinéma. Adolescent,
je visionnais presque trois ou
quatre films par jour. J’ai dû
voir Taxi Driver quarante
fois ! Je pense que je connais le
film par cœur. Par contre, j’ai
fait mes études universitaires en
philo, car je voulais acquérir une
certaine culture générale. J’ai
produit un premier court-métrage
avec des techniciens et acteurs
professionnels, puis un deuxième,
et après j’ai fait le grand saut.
Thème :
On écrit et puis
un jour, une espèce de thématique
s’impose. Il faut croire que le
legs était quelque chose qui nous
préoccupait à ce moment-là dans
nos vies. Durant ces années-là, ma
compagne a perdu son père. C’est
un film sur la filiation, qui est
une thématique universelle. Nous
sommes tous les fils de quelqu’un.
La tâche est de devenir un père.
Dans mon film, le père est
longtemps absent, et ce sont ses
fils qui doivent devenir des
pères. On a souvent comparé mon
film aux Invasions Barbares,
car la thématique est la même.
Mais mon film est un anti-Invasions
Barbares, car je mets en avant
le point de vue des barbares.
Arcand n’explore pas vraiment la
filiation ; c’est plus un film sur
l’amitié. Ce qui est typique de sa
génération narcissique et
hédoniste, qui n’en a rien à
foutre des enfants.
Direction
d’acteurs :
Je pense que les
acteurs veulent être dirigés. Un
acteur attend cela de la part d’un
metteur en scène. Parfois, en tant
que réalisateur, il y a des scènes
que l’on sent plus clairement que
d’autres. Souvent, les comédiens
vont arriver avec des propositions
qui sont parfois beaucoup plus
intéressantes que tout ce qu’on
avait pu imaginer. J’ai dirigé la
scène de la salle de bain au
centimètre près. Souvent, je joue
la scène pour eux, du mieux que je
peux, un peu maladroitement. La
direction d’acteurs est très
physique, finalement.
Casting :
J’avais réalisé un
film deux ans auparavant, donc
j’avais rencontré beaucoup de
comédiens dans la trentaine. J’ai
d’ailleurs repris Paul Ahmarani.
J’ai surtout cherché à créer une
espèce de chimie entre ces trois
comédiens. Il était très important
pour moi qu’il y ait une très
grande connivence, un esprit de
famille, et en même temps une
certaine opposition, une tension
entre les deux frères.
Sylvie :
C’est une femme
idéalisée. Elle est frivole, mais
aimante. C’est une femme-Dieu ;
celle à qui on se confie. Elle
accompagne les trois hommes dans
des moments très importants pour
eux. C’est un personnage
secondaire très intéressant. J’ai
essayé de lui donner une certaine
substance, alors que souvent les
rôles secondaires sont des
faire-valoir.
Réaliser un
premier film au Québec :
Au Québec, le
cinéma est entièrement financé,
subventionné par l’État. Nous
n’avons pas de producteurs privés
qui investissent leur fortune
personnelle dans le cinéma. Cela
facilite les choses, dans une
certaine mesure, mais la tarte est
toujours trop petite pour le
nombre de gens.
Distribution :
Le film a tourné
et continue à tourner dans pas mal
de festivals. Il vient de sortir
en Belgique et est distribué en
Tchécoslovaquie. Au Québec, cela a
très bien marché. La situation au
Canada est très spéciale. Les
films québécois s’en sortent très
très bien au Québec, mais très peu
sont distribués au Canada. Le
cinéma anglais canadien ne
fonctionne pas très bien sur son
propre territoire, car il est en
compétition avec le cinéma
américain. Nous, on a une culture,
on parle français, on a des
adeptes québécois, une télévision
très riche. On est des Gaulois,
quand même !
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