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OSS117, l’agent secret made in France vainqueur du 3ème Seattle International Film Festival

Article et photo par Caroline Planque

Alors qu’il continue à faire un tabac en France depuis sa sortie en salle le 19 avril dernier, Hubert Bonnisseur de la Bath, alias OSS117, a traversé l’Atlantique à l’occasion du 32ème Seattle International Film Festival, où s’est déroulée la première projection nord-américaine du film sous les regards amusés de Michel Hazanavicius, son réalisateur, et Bérénice Béjo, son actrice principale.  

Créé par Jean Bruce en 1949, OSS 117, l’agent secret aux 265 romans et 8 films, reprend du service sous l’objectif d’Hazanavicius. Il n’a pas perdu de sa superbe, loin s’en faut, mais raisonnement et déductions lui font vraiment défaut. En mission au Caire, ce franco-français aux tendances quelque peu sexistes et homophobes, enclin à l’arrogance coloniale, semble tout ignorer des eus et coutumes égyptiens et musulmans. Qu’à cela ne tienne, guidé par sa fidèle secrétaire Larmina (Bérénice Béjo), il mènera tout de même sa mission à bon port. 

A l’heure de nombreuses tensions entre le monde occidental et arabe, le film relève le défi de faire rire en jouant sur un sujet sensible. Pari réussi. Pour Hazanavicius,  « c’est une manière de ne pas faire un film qui serait juste une parodie d’un film des années 50. C’est une comédie qui s’adresse à un public adulte, intelligent, qui comprend exactement où se situe le film. » La dimension politique du film tient davantage au fait qu’Hazanavicius et Halin (le scénariste) revendiquent un type d’humour qui pourrait être jugé politiquement incorrect, plus qu’au contenu des blagues elles-mêmes. Plus rare dans la tradition française, le regard d’autodérision du réalisateur envers son héros a ravi le public américain. La mythique arrogance française est mise a mal, car complètement décalée.  

Le fond ne doit pas faire oublier la forme.  L’action se déroule en 1955 et Michel Hazanavicius a voulu donner à son œuvre la patine des films d’époque en s’inspirant, entre autres, de nombreux Hitchcock et James Bond. « J’ai décidé de faire tout le film avec grosso modo la même focale. Pour la pellicule, nous avons utilisé une sensibilité équivalente à ce qui se faisait à l’époque. Il nous a fallu beaucoup éclairer. Nous avons reconstitué le décor, le stylisme. La seule chose qui ait vraiment changé est le rythme, car il s’agissait d’une comédie. » 

Quant aux comédiens, le film est porté par le jeu d’acteur de Jean Dujardin, recruté très en amont du projet, et de Bérénice Béjo. Les seconds rôles, tous tenus par des acteurs étrangers, foisonnent de personnages aux accents truculents. Le réalisateur y tenait tout particulièrement.  « Cela leur donne d’entrée une espèce de code de jeu. C’était plus compliqué pour Bérénice, Jean et Aure Atika (la Princesse Al Tarouk), car ils n’avaient pas cette protection. Il leur a fallu trouver le rythme, la gestuelle. » Empruntée, entre autres, à Grace Kelly et Audrey Hepburn dans le cas de Bérénice Béjo. 

A Seattle, OSS117 a réjoui tout autant le public francophone que le public américain, même si certaines touches d’humour se sont perdues dans la traduction. Un bon point pour Michel Hazanavicius, lauréat du Golden Space Needle Audience Award du meilleur film de ce 32ème SIFF, et actuellement à la recherche d’un distributeur aux États-Unis.

 

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